Philosophe et savant, Pierre Gassendi passe l’essentiel de sa vie en Haute-Provence, hormis quelques années à Paris. En revanche, comme la plupart des hommes de sciences et de lettres de son temps, il est un remarquable épistolier. La correspondance qu’il laisse souligne l’importance des réseaux de savants et de philosophes qu’il fréquente et le rôle primordial qu’il accorde à l’amitié. Il échange avec François Luillier, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Louis de Valois, Louis Habert de Montmort, Marin Mersenne, Guy Patin, les membres de la Tétrade, Gabriel Naudé, François La Mothe Le Vayer, Elie Diodati. Gassendi se lie aussi avec les esprits les plus éminents de son siècle : les astronomes Galilée et Kepler, les philosophes Hobbes et Pascal, la reine Christine de Suède.
Gassendi est né le 22 janvier 1592 dans une famille de paysans à Champtercier dans les Alpes-de-Haute-Provence. De 1599 à 1607, il poursuit, grâce à la protection de l’évêque de Digne, des études de latin, de rhétorique et de philosophie, avant de devenir à vingt-deux ans docteur en théologie à Avignon (1614), puis professeur de philosophie à Aix (1616-1622). En 1622, les Jésuites du Collège d’Aix lui retirent sa chaire. Il retourne alors en Haute-Provence et décide de se consacrer à ces deux passions, l’astronomie et la philosophie, tout en exerçant à Digne des fonctions ecclésiastiques.
En 1623, Gassendi devient chanoine à l’église cathédrale de Digne, puis est nommé prévôt (1625). Après un voyage à Paris (1624), il séjourne un moment à Grenoble (1625), retourne en Provence et s’installe pour quatre ans à Paris (1628-1632). Ce séjour est interrompu par un voyage dans les Pays-Bas (1628-1629), le seul qu’il fera dans sa vie, en compagnie de François Luillier (1604-1652) qui devient son meilleur ami.
De 1632 à 1641 Gassendi vit en Haute-Provence. Ces années sont marquées par l’amitié avec Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637). C’est sous l’influence de ce dernier que Gassendi devient véritablement astronome. La mort de Peiresc en 1637 le marque durablement.
En 1641, grâce à Louis de Valois, gouverneur de Provence, il est élu agent du Clergé, haute fonction ecclésiastique, qui l’oblige à retourner à Paris. En raison d’intrigues politiques, il se démet de ses fonctions, qui pourtant lui promettaient une carrière ecclésiastique brillante. Il est alors pris dans une double polémique, contre Descartes, autour des Méditations métaphysiques, et contre Jean-Baptiste Morin sur le mouvement de la terre et l’astrologie.
En 1645, sur la recommandation d’Alphonse de Richelieu, frère du cardinal, il accepte la chaire de mathématiques au Collège royal à Paris, mais il y enseigne plutôt l’astronomie. C’est d’ailleurs avec Gassendi que la science moderne et les théories galiléennes entrent véritablement au Collège royal. Pendant cette période, son enseignement est souvent interrompu par la maladie.
En 1649, il rentre en Provence en passant par Lyon où il publie ses travaux sur Épicure. En 1653, Gassendi revient à Paris et vit à l’Hôtel de Montmort. Il consacre les dernières années de sa vie à la conception et à la rédaction de son propre système philosophique, le Syntagma philosophicum, qui sera publié de façon posthume en 1658. Sa maladie ne cesse de s’aggraver et il meurt le 24 octobre 1655.